Urgence
Urgence
Je me dépêche
Vite vite je me lève
Je dois écrire
Je dois retranscrire
Il est 7 heures
J’ai bien dormi
Je me suis couchée vers minuit
Endormie vers … je ne sais plus
Mais je sais que j’ai bien dormi
Le temps juste
Juste Le temps qu’il faut pour récupérer
Juste Le temps qu’il faut pour digérer
Juste Le temps qu’il faut pour faire tourner les aiguilles
Le temps qu’il faut pour passer d’hier à aujourd’hui
Le temps qu’il faut pour cocher
Sur mon calendrier de papier
La journée écoulée
Oui oui On tient le bon bout
Oui oui On le tient !
Déjà 4 semaines écoulées
4 semaines ! Comme Un premier mois de vacances !
On le tient le bon bout !
On l’a mangé, dégluti
On l’a avalé, dégusté
On a Fait de bons petits plats
On a Dépoussiéré les aplats
On a Chassé les moutons, Joué à saute-moutons
On a Traqué la grisaille, Trier le linge sale
On a Repassé, Astiqué, Asticoté
On a Rangé, Classé, Bricolé
On a Tutoré, Filmé, Partagé, Rigolé
On a Savouré les matins, les midis, les après-midis,
les avants-minuits, les après-minuits
On a Regardé la télé, Débranché le réveil
On a Réparé, Regagné son sommeil
On a Appelé les amis, la famille
On a Cherché qui appeler
On a Répondu au courrier, celui qui trainait
On a tout fait ou presque
De ce temps inédit
Un temps béant vacant pour
Arrêter de procrastiner
Inventer de nouvelles proximités
Mettre à jour ses idées

Un temps béant vacant pour
gravir jour après jour ce nouveau temps calendaire
gravir ensemble
De Paris à Tombouctou
De Kinshasa à Terre Adélie,
De Moscou à New Dehli
Du coin le plus reculé à la ville la plus surpeuplée
Des eaux réchauffées aux déserts effrités
Des forêts émiettées aux calottes desséchées
Ensemble
Pour Gravir à l’unisson, en chœur, en canon
Ensemble ployer, tomber, se relever
Ensemble trébucher, piétiner
Ensemble s’effrayer, s’attrister
Ensemble compter ses morts
Ensemble tricoter, coudre, cuisiner
Ensemble Se masquer, esquiver, dénoncer
Ensemble se battre, se débattre
Ensemble télé travailler télé enseigner
Télé étudier télé manger télé parler télé chanter
télé sporter télé acheter téléphoner télézoomer
télé zapper télé craquer
télé télé télé télé télé télé

Ensemble
gravir sur tous les écrans
La marche du temps
suivre en direct
la grande faucheuse
La grande balayeuse
La grande mystérieuse
Ensemble
se distancier les yeux baissés
se transformer en zombie
Orbites excavées
Zieutant l’improbable pic
Ensemble
Se hisser cheveux dressés
L’effroi en boule ramassée
Bavant sa peur, bavant ses vertiges
A Chaque pays son pic
Son pic impitoyable

Ensemble
On l’a franchi ce pic
Ensemble
On a resserré la cordée
Considéré son versant,
A chaque pays
Laisser les ombres
Enterrer les trébuchants
A chaque pays
Combler la béance
Poursuivre son chemin
Echéance annoncée
Décompter la vacance
Envie de rouler de l’autre côté,
De Dévaler le versant opposé,
-Ombre ou soleil
Va-t’en savoir
Qui du sud ou du nord
Donne le plus de lumière !
Chaque jour compte et se décompte
Les promesses fleurissent
Les vivants se décomptent
L’héroïsme se nomme
Les gens applaudissent
Je dévale la pente,
Cherche des chemins de traverse
Me faufile entre barreaux et trouées grillagées
Emprunte des voies oubliées, des rails exilées
Pédale sur des sentiers proscrits, reniés
entends des mots incroyables
Des mots qui disent l’épreuve
Des mots qui cherchent le sens
Des mots qui disent l’opportunité
Et je dévale la pente
Ardente et pleine d’espérance
Ivre de ces nouvelles promesses
D’humanité réanimée,
de liens renoués,
de nature retrouvée
Moi, vous, nous
Ensemble main dans la main
Sur les chemins de terre
Cueillant les fruits de demain
Je voudrais y croire !

De quoi j’ai envie
De quoi j’ai envie
Du fond de mon lit
Passer en revue
Toutes mes envies

Dormir tout mon soul
Depuis 60 jours
Faire la grasse mat
Depuis le 16 mars
J’ose pas vous le dire
A présent ça me soule

De quoi j’ai envie
Du fond de mon lit

Faire le ménage
Nettoyer l’frigo
Chasser l’asticot
Laver les carreaux
Traquer les moutons
Gratter les siphons
Apart nickel chrome
Je n’ai plus les crocs
J’ose pas vous le dire
A présent ça me soule

Mater des séries
Même après minuit
Faire la fangio
avec mes marmots
s’envoler en l’air
château dans le ciel
se prendre pour kiki
la petite sorcière
j’ose pas vous le dire
à présent ça me soule

mater des tutos
apprendre le piano
faire du yoga
et de la zumba
même très sympa
je n’ai plus envie
j’ose pas vous le dire
mais tout ça me gonfle

De quoi j’ai envie
Du fond de mon lit

écrire mon journal
j’ai bien essayé
gratter une page
j’ai bien commencé
mais tout arrêté
j’préfère échanger
entendre des voix
voir des visages
mais bon là aussi
avec tous ces zooms
vos têtes au carré
dans ma tête
ça fait boum

De quoi j’ai envie
Du fond de mon lit

pour relever le confit
j’me lance des défis
couper les écrans
et même le portable
tenter une journée
serait-ce supportable ?
ou bien ou bien
serai-je exécrable ?
mais ne rêvons pas
même dans mes rêves
je ne le ferai pas !!!

Mais qu’est-ce que je peux bien faire
Je n’ai plus d’idée
J’ai tout essayé
je n’ai plus de désir
je veux travailler
mettre le réveil
faire sonner l’alarme
dévaler les marches
rater le métro
rouspéter, jurer
bourrer l’agenda
combler tous les vides
enchainer les pleins
me charger le mental
resserrer les liens
dégueuler de trop plein

De quoi j’ai envie
Du fond de mon lit
Je n’ai plus de désir

Rendez-moi mes pleins
et tous mes trop pleins
me charger le mental
et monter au front !
Rendez-moi mes pleins
et tous mes trop pleins !

et si être confit
c’était ça vieillir
acheter à manger
et manger ses courses
regarder la télé
compter les coups de fil
le fil de la vie
qui vous tient au lit
De quoi j’ai envie
Du fond de mon lit
Je n’ai plus de désir
et si être confit
c’était ça vieillir ?

J’ai mal aux fesses
J’ai mal aux fesses
Tout qui s’affaisse
Mais rien ne presse
y en a pour perpète

J’ai mal aux fesses
Faut que ça s’arrête (bis)

J’tiens plus en laisse
Je me manifeste
Je deviens tigresse
L’humeur chasseresse
Les fesses en miettes
Je me manifeste

J’ai mal aux fesses
Faut que ça s’arrête (bis)

je vous confesse
Cervelle en pièces
Des clopinettes
en guise de tête
et les mirettes
en circonflexe
à trop mater
tous pleins d’écrans

J’ai mal aux fesses
Faut que ça s’arrête (bis)
je veux bouger mes fesses
marcher des kilomètres
quasi parfaite
j’ai mon attest
avec adresse
et mes lingettes
pour les manettes
et ma masquette
pour ma facette
manque plus que le test
et je serai parfaite
je veux bouger mes fesses
marcher des kilomètres

j’ai mal aux fesses
faut que ça s’arrête (bis)

urgence goguette
en bicyclette !
fouler paquerettes
et biscounettes
je veux de la tendresse
des mains sur les fesses
plein de messes basses
et des pirouettes
urgence goguette

j’ai mal aux fesses
faut que ça s’arrête ! (bis)

mais oui ca presse
c’est la détresse
urgence espèce
humer les êtres
urgence espèce
brasser les êtres
et sous les fenêtres
se toucher s’embrasser !
et sous les fenêtres
se toucher s’embrasser !

Urgence espèce
J’ai mal aux fesses
faut que ça s’arrête ! (bis)